Remise en question de l’Indice de Masse Corporelle
Vu sur un blog assez original : http://www.le-toubib-est-generaliste.net/article-13590333-6.html
La plupart des gens, y compris (surtout ?) parmi les médicaux, admettent comme naturelle et évidente l’idée que l’augmentation de poids, de l’IMC (indice de masse corporelle, poids / taille²) est directement liée à un risque général, et à une diminution de l’espérance de vie. La “norme” serait de 19 à 25 pour cet IMC. Problème : comment cette fourchette a-t-elle été déterminée, il y a des années de cela ? Au pifomètre. Aucune base scientifique. Consensus, dit-on.
Or, on a eu quelques remises en cause de ces certitudes depuis deux ans (voir ici). Et voici qu’un article sorti dans le journal américain de cardiologie vient confirmer ces doutes (Galal et coll). L’équipe a repris 5 950 dossiers de patients coronariens ou suspects de l’être (âge moyen 61 ans + ou – 13) pour voir la mortalité dans cette population théoriquement à haut risque, sur un suivi de 6 ans. Il ressort de l’étude qu’IMC et mortalité sont effectivement liés, mais de façon inverse à celle attendue !
– en dessous de 18,5 d’IMC, la mortalité a été de 39% et le risque relatif de 2,4
– pour un IMC considéré comme “normal” en théorie, compris entre 18,5 et 25, la mortalité a été de 35%
– pour un IMC définissant soi-disant une surcharge pondérale, entre 25 et 30, la mortalité a été de 24%, risque relatif de 0,65
– pour un IMC supérieur à 30, obésité d’après la théorie, la mortalité a été de 20%, risque relatif de 0,61Ce qui confirme les doutes que l’on pouvait avoir avec 10 secondes de réflexion : dans les pays développés, on est de plus en plus gros, et on vit de plus en plus vieux. Ce qui confirme qu’il faudrait, en se basant sur des preuves, et non sur du ” con en sus”, déplacer la fourchette de l’IMC vers le haut, certains suggérant une normale comprise entre 22 et 30. Ce qui ne ferait bien sûr pas les affaires des industriels du médicament qui tentent depuis des années d’imposer la notion de multiples facteurs de risque ou de syndrome métabolique sans le moindre début de commencement de preuve de leur répercussion sur ce qui compte, morbidité et mortalité globale (qualité et espérance de vie).
La médecine est infinie, et le doute est notre lumière.