Le Billet et le Courtier
En ce jour de krach pour l’économie mondiale, je me permets de ressortir de mes archives cette fable que j’avais écrite voilà cinq ans. Le thème est bien connu, mais donne plus que jamais à réfléchir :
Le Billet et le Courtier
Un financier ruiné depuis quelques printemps,
Glanant débauché sur un trottoir répugnant,
Aperçut devant lui une coupure d’argent.
Notre mendiant, brutalement s’agite
Otant de sa tête les idées parasites.
Dans sa course, c’est logique
Il médite sur le morceau de fric :
« Cinq euros seraient laids,
Cependant bien assez,
Je les place vite en bourse et
Demain risquerai quelque gain ;
La moitié au banquier, le quart au prêt foncier.
Un mois ainsi, c’est aisé.
A moi, le raté, qui de tout fut privé,
Je sens que l’argent redevient familier !
Dans mes poches à moi, le nul,
Je perçois le pognon qui pullule ! »
Dans sa bourse la fortune défile,
Et tandis qu’il file
Vers lui un homme se faufile
S’incline, se penche, s’abaisse,
Récupère en liesse l’appât de la paresse.
Le gueux s’arrête, contemple sa défaite :
Broker, trader, « J’achète », fortune faite,
A tort et avec rien il crut gagner le faîte.
E. Mayer (2003)