Comment je gagne 9500€/mois : la vérité
Duo&Co s’étant rapidement intéressé à ces fameux liens sponsorisés qu’on voit fleurir partout et promettent de confortables revenus :
Je serais curieux de voir ce qu’il y a derrière mais n’ai pas eu le courage de mettre une adresse mail pour recevoir la newsletter miracle (qui me permettrait pourtant de devenir riche en peu de temps).
Une autre question qui me turlupine est : mais qui donc se cache derrière cette vaste farce ? Car même si le clic ne doit pas leur couter bien cher, il faut forcément 1/avoir un petit budget 2/attendre un retour sur investissement quelque part…
Il ne s’agit pas vraiment de vente pyramidale ici, simplement d’affiliation pour des sites de paris.
Au menu, des méthodes supposées infaillibles pour gagner, qui se basent sur la méconnaissance des probabilités et de la notion d’espérance :
« En misant sur 6 résultats dont les cotes sont supérieures à 6, vous avez 6 chances (non équiprobables) sur 9 (soit 66 % de chances) de gagner au minimum votre mise et jusqu’à 50 fois ou plus votre mise. En clair, 1 seul pari gagné peut couvrir largement les pertes ! »Tout d’abord, on peut faire l’hypothèse raisonnable (ou pas) que la probabilité d’un événement correspond à l’inverse de sa cote, pour peu que le marché soit efficient et juste. Dans les faits, en raison des commissions prises par le broker et de l’incertitude du marché, la somme des probabilités de tous les événements possibles excède 1 (autrement dit, la somme de l’inverse des cotes excède 1, par exemple on aura 3 issues possibles chacune cotée 2, donc une « probabilité » totale de ½*3 = 1,5). Les événements cotés par la FDJ ont généralement une probabilité totale de 130% (environ 30% de marge prise par la FDJ) mais certaines plateformes comme Betfair ou Betdaq offrent jusqu’à aussi bas que 100.1% (ce qui signifie que la quasi totalité des paris sont redistribués entre les joueurs). [Note : je n’ai pas réussi ici à retrouver et mettre mes propres liens d’affiliation Betfair et Betdaq car de Singapour tous ces sites sont censurés par le FAI !]. Si la somme de l’inverse des cotes est inférieure à 1, il y a une opportunité d’arbitrage certaine que vous pouvez calculer à l’aide d’une calculatrice comme arbcruncher (un surebet, présenté dans la méthode n°2). Mais hélas cela n’arrive quasiment jamais, ou les commissions dépassent le maigre gain espéré.
Ici, il est conseillé de miser sur 6 résultats parmi les 9 disponibles, à condition qu’ils aient chacun au moins une cote supérieure ou égale à 6. Notons p_i la cote de chacun de ces 6 événements. Les événements étant incompatibles, la probabilité de gagner au moins une fois est égale à celle de gagner une seule fois, soit à la somme des probabilités des événements séparés, donc Somme(1/p_i). Plus simplement, il ne faut pas perdre de vue que si une cote est élevée, c’est que la probabilité que l’événement survienne est d’autant plus faible.
Si les cotes des 6 événements sont de 10, et qu’on suppose qu’elles reflètent l’inverse de la probabilité (cette hypothèse est en réalité excessive car la « probabilité » totale étant supérieure à 1 pour les 10 issues possibles, cela revient à dire que la probabilité de l’événement complémentaire à « l’un des 6 résultats sur lesquels ont a parié est gagnant » est nettement supérieure à 1- Somme(1/p_i)…), on aboutit à une espérance mathématique (moyenne des gains espérés par coup si on joue un grand nombre de fois la stratégie) de 1/10*6*(9-5) + 4/10*-6 = 0€.
Si l’un des cas sur lesquels on a parié est gagnant, on gagne 9 sur l’issue gagnante (et on récupère la mise mais cela n’est pas stricto sensu un gain), et on perd 5 à cause des 5 autres issues perdantes.
En tout état de cause, même en faisant l’hypothèse exagérément favorable que les cotes sont l’inverse des probabilités (on peut cependant trouver des formules un peu plus cohérentes avec la condition de probabilité totale de 1, mais forcément moins favorables), il serait nécessaire d’avoir une cote d’au moins 10 en moyenne sur les 6 événements sur lesquels on va parier, pour atteindre le point mort. Ca devient déjà plus compliqué que de trouver 6 événements ayant en moyenne une cote simplement supérieure à 6.
Dans le même genre, on trouve aussi des sites ventant une martingale bateau (miser le double en cas de perte), vous serez surpris de voir combien de personnes ne voient pas la faille (même dans le cas illusoire ou l’espérance serait positive, il suffit d’une série de pertes consécutives pour anéantir tout le capital et être éjecté du jeu) et seraient prêts à mettre en place de telles stratégies pour leur propre compte (je veux bien être le casino !).Voilà, vous remarquerez au passage que les liens d’affiliation dans le site sont cachés (mais bel et bien présents). En jouant sur la cupidité de l’être humain, il est facile d’obtenir de sa part une inscription gratuite à un site avec un bonus offert, et qu’une proportion non négligeable d’entre eux génère des commissions dont une partie sera reversée à l’affilié (les sites de jeux sont particulièrement généreux).
Donc oui, je veux bien croire qu’ils gagnent pour certains 10000€ par mois, mais plus en revenus d’affiliation que par de la spéculation…